Chercheur océanographe pendant plus de six ans, Aymeric Jouon a décidé de créer l’entreprise I Clean My Sea, basée sur la détection, la prévision, la collecte et la valorisation intelligente des déchets situés en mer et en embouchures. Installé sur la technopole Izarbel et accompagné par ESTIA Entreprendre, son fondateur nous raconte son aventure entrepreneuriale et les raisons de son engagement.

Comment est né le concept d’I clean my sea ?

C’est grâce à mon parcours complet en tant que spécialiste de l’hydrodynamique (courants, vagues et physiques des océans), que j’ai eu envie de contribuer activement au nettoyage des océans en luttant contre l’invasion croissante des déchets plastiques. Après mes travaux de recherche, j’ai travaillé pendant presque une dizaine d’années pour un grand groupe en tant que coordinateur d’une équipe pour prévoir la qualité des eaux de baignade. J’étais également responsable d’un navire de dépollution pour le littoral de Biarritz où? grâce à mes connaissances du milieu maritime? je suis parvenu avec mon équipe de marins à doubler le tonnage annuel de déchets récoltés jusqu’alors.

Mais au sein de ce grand groupe, je ne parvenais pas à avoir une réelle efficacité opérationnelle à la hauteur de ce qui était possible de faire. 80% des déchets marins proviennent des rivières et personne ne travaille aux embouchures, alors même que des zones d’accumulation très importantes s’y produisent. C’est pourquoi j’ai décidé de créer I Clean My Sea, entreprise de l’économie sociale et solidaire, qui propose des services de détection de ces zones pour une collecte et un nettoyage plus efficients.

En quoi consiste les services que compte proposer I clean my sea ?

Notre service est à destination des collectivités territoriales littorales comme les mairies par exemple. Nous avons à disposition un navire de collecte appelé « The Collector ». Il permet de collecter et trier simultanément les déchets. Au minimum, nous demandons aux collectivités de solliciter nos services de collecte pour une mission de minimum trois mois et nous assurons un service 7j/7.

Nous travaillons également à la mise en place d’outils de détection grâce à nos partenaires techniques. Des caméras vidéos, des satellites et du crowd sourcing permettront de détecter les déchets flottants. Tous ces outils de détection viendront alimenter des modèles de prévision de courants qui permettront d’optimiser le service du navire de collecte.

L’outils de détection qui est au cœur de l’ADN d’I Clean My Sea et qui est le plus avancé à ce stade du projet est une application mobile participative où chacun pourra participer à la détection de déchets marins en prenant une simple photo. Les données recueillies sont traitées par géolocalisation et nous estimons ensuite le trajet de ce déchet par algorithme de prévision.

Pourquoi avez-vous souhaité vous lancer dans l’entrepreneuriat ?

Je connais déjà bien l’entrepreneuriat par mes expériences passées. Lorsque j’étais en thèse, j’ai créé une entreprise pour commercialiser les résultats de mes recherches. Je dirige également une société de conseil en océanographie qui s’appelle Hydro-Cote. Hydro-Cote s’appuie essentiellement sur la modélisation des courants pour créer des services innovants en environnement marin et produire des études. Ces études sont un accompagnement essentiel pour la caractérisation des contraintes environnementales d’un projet : l’impact d’aménagement côtiers, la mise en place d’Energies Marines Renouvelables…

L’entrepreneuriat n’est donc pas une découverte et c’est le moyen le plus efficace de mettre à disposition une expertise vers des actions concrètes et quantifiables. 

Quels sont les apports d’ESTIA Entreprendre dans le développement de votre activité ?

L’avantage avec ce service d’accompagnement est que chaque entrepreneur bénéficie d’une mise en réseau très forte avec les acteurs locaux. ESTIA Entreprendre suit chaque mois notre évolution et reste à notre disposition lorsqu’on est face à des interrogations ou des choix stratégiques à faire. C’est ce que j’ai pu expérimenter jusqu’à présent. D’autre part, être à l’incubateur d’Izarbel me permet de bénéficier des expériences des autres start-ups suivies ici. C’est un environnement ouvert, accessible et stimulant pour la construction d’un projet entrepreneurial.